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y passe aussi, et chaque fois il s’arrête et lui dit quelque parole « amiteuse », qu’elle recueille très précieusement dans sa mémoire.

Ah ! quel remède c’est pour la guérir ! Et autrement idoine à cette fin que la douce-amère !

Maintenant, cette pâleur de cierge disparaît de jour en jour, sa bouche redevient rose, ses yeux morts revivent. Elle a grandi beaucoup pendant sa maladie, de manière qu’il lui faut défaire le faux ourlet prévoyant de son cotillon. Sa jeune poitrine repousse la brassière trop étroite, ses hanches s’arrondissent, le sang coule à flots sous sa peau fine et la teinte délicieusement… puis, un matin, elle se réveille fille faite…

Las drolas soun maduras !

Elle est mûre, mûre pour l’amour, mûre pour la peine, mûre pour la souffrance et la mort.