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de huit à dix ans toucher avec une verge la vache que son père menait au taureau banal, les droles de la campagne étaient de bonne heure initiés aux façons de la génération des bêtes. La petite Nicette a vu assez souvent le coq du voisin Buffart « cocher » les poules de la Guillone ; et, gardant son troupeau, elle a vu le « mouton de semence » qui est à dire le bélier, « hurtebiller » ses brebis. Et le bouc Saute-Buisson, lorsque la mauvaise Coulaude lui faisait mener une chèvre à son étable, elle l’a vu assez, n’est-ce pas, la pousser dans un coin, et, à grands coups de cornes, la réduire à sa volonté.

Mais toutes ces choses, vues dès l’enfance, ne la troublent point. Elle ne fait pas de réflexions là-dessus, ni de rapprochements, et ne cherche pas à percer les mystères de l’amour entre « chrétiens », comme on dit dans ces cantons. La seule impression qu’elle garde de ces accouplements, c’est que les mâles sont brutaux.

Sans doute elle n’ignore pas que les petits droles