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vers Badefols, est le vieil hospice, dont les bâtiments noirs sont groupés autour du dôme de la chapelle surmonté d’un lanternon borgne, dont les écailles d’ardoise brillent au soleil.

Tout à fait sur la droite, en tirant vers l’est, dominant le vallonnet de la Beuse, s’aperçoit le petit, petit clocher de La Noaillette, jadis paroisse de trente feux.

La petite Nicette contemple le paysage et rêve. Au-dessous de Chasseins, près du village du Sol, un bouvier pousse ses bœufs dans un « retouble », avec des excitations câlines, et colères parfois :

Ané Rougé ! Chabraü !

Et les bœufs retournent lentement le chaume pour la semaille des raves.

Foutré ! Chabraï !

La petite reconnaît à sa voix l’homme qui se fâche : c’est Guillentou, le métayer de M. Rudel.

Plus loin, du même côté, au delà du ruisselet le Thévenau, dans les champs de blé de la Jalovie, s’entendent les chansons à couplets alternés des moissonneurs. Ceux-ci sont un peu