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grand bouc noir qu’elles baisent à la queue ; toutes ces histoires, qu’elle a ouï conter à des vieilles, l’épouvantent : si, par hasard, « Saute-Buisson » était le diable ?

— Tiens, mène cette chèvre à l’étable du bouc ! — lui dit un jour la Coulaude, qui connaît ses répugnances, en lui mettant la corde dans la main.

L’enfant hésite, elle a peur et honte en même temps. Mais l’autre coquine la pousse brutalement :

— Allons, va ! tu en verras bien d’autres !

Pour ce qui est de Bourettou, il guette sournoisement la petite. Quelquefois, pendant qu’elle est dans les « raisses », du côté du Sol, accotée contre un arbre, surveillant ses brebis en faisant son bas, elle aperçoit là-haut, au bout du plateau, assis sur une grosse pierre, l’idiot qui l’épie et fait elle ne sait quoi. Dans la maison, il tourne autour d’elle, ou la regarde d’un œil imbécile, et lubrique comme celui de son bouc. Et puis il est sale, et bestialement déhonté. La pauvre drole a