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Dans le jour, passe ! mais la nuit, pour revenir à Chasseins, la drolette, menant ce garçon par la main, est grandement épeurée, tant elle a ouï parler des loups, au village, et aussi conter des histoires de voleurs et d’attaques de nuit sur le vieux chemin qui traverse les Bois-Lauriers, et va du pont Saint-Jamet, sous Hautefort, à Bonneguise.

Pendant que Berny fait sauter les danseurs, la petite, à côté de sa chaise, s’endort sur le plancher. Dans les commencements, lorsque les garçons, pour faire les farauds, tapaient de grands coups de pied, ça la réveillait, mais bientôt, tombant de sommeil, l’innocente, elle a fini par s’y accoutumer, et ne bouge jusqu’à ce que Berny la cherche à tâtons près de sa chaise et la secoue :

— Allons-nous-en, Nicette.

Ça dure quelque temps ainsi ; puis le curé, apprenant la chose, remontre à la Guillone de faire cesser ces conduites, attendu qu’il n’est point convenable qu’une fillette de sept ou huit ans aille de la sorte passer la moitié de la nuit dans les bals.