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au bout du plateau, vers le couchant, au-dessus de la carrière abandonnée ; alors, c’est la petite Nicette qui l’y mène. C’est un endroit écarté, plein de broussailles, d’où l’on voit beaucoup de pays, jusqu’au tuquet du ci-devant château de La Mothe. Cependant ce n’est point pour la belle vue que Berny vient là, le pauvre, mais pour être tranquille et fabriquer des airs à lui. Son père était « chabretaïre » de son métier, son grand-père et le bisaïeul aussi : c’est de famille, comme chez les « boucatiers ». Le père est mort il n’y a guère, en sorte que le fils le remplace. Mais ça n’est pas bien aisé pour un aveugle d’aller de droite, de gauche, jouer aux noces, aux « vôtes » et frairies, et aux bals paysans du dimanche, à Hautefort, Nailhac ou Saint-Agnan. Pour les noces, encore ça va, on le vient quérir quelquefois, ou bien il chemine avec quelque parent convié. Mais, coutumièrement, il faut qu’il aille faire danser seul ailleurs : ce que voyant, le pauvre Berny convient avec la Guillone de lui donner deux sous par dimanche, en tant que la Nicette le conduira.