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D’où vient cette maladie ? On ne sait. Le village, haut situé, bâti sur la colline d’ossature calcaire, balayé par tous les vents du ciel, n’est point humide ni malsain. À tort ou à raison, certains l’attribuent aux eaux qui sourdent aux pieds de la montagnette ; mais d’autres villages usent des mêmes fontaines et n’ont pas de goitreux… Alors ?

M. Rudel lui-même, le « chirurgien », dont la grande maison est bâtie à l’extrémité de la haute butte, sur un bout de l’emplacement de l’ancien château, M. Rudel lui-même a donné sa langue aux chiens. Mais, par exemple, pour le remède, il n’hésite pas : il saigne. Du reste, il saigne pour toutes les maladies : pour la fièvre, les coliques, l’hydropisie, la jaunisse, la picote, le pourpre… et pour tout. Ce n’est pas lui qui a besoin de s’exercer sur une feuille de chou, ah ! Dieu non ! La raison pourquoi M. Rudel saigne toujours, est bien simple. La visite ordinaire est payée quarante sous par les paysans ; mais la visite avec « phlébotomie », — comme il dit, — se paie trois francs dix