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faim, la petite l’a épuisée ; elle voudrait faire chauffer un reste de maigre bouillon, mais ce n’est plus l’heure d’aller chercher du feu chez les voisins qui dorment : pour ce soir, elle se contentera d’un morceau de pain ; ce n’est pas la première fois.

Le lendemain, les femmes de la « franchise de Chasseins », curieuses, viennent voir la petite. La Guillone la démaillote, et ces « clampasses » de femmes font leurs réflexions sur ce petit corps blanc et joliet.

« Comment elle s’appelle ? le nom au juste, elle l’a oublié ; il est bien là, écrit sur un papier qu’on lui a remis… ça finit en in… mais son petit nom, c’est Nicée… ou Nicette…, comme lui a dit la sœur. »

Chose étrange, la plupart de ces femmes ont le « gros cou », autrement dit, un goitre ; gros comme une pomme, ou un « coujou » — qui est une gourde — à mettre un demi-litre de vin : ça dépend de l’âge. Dans « l’endroit », les hommes ont aussi le « gros cou », mais il y en a moins, en proportion.