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sabots la fatiguent. Elle se déchausse alors et marche nu-pieds. Un peu plus loin que Cubjac, près de l’endroit où une partie des eaux de l’Haut-Vézère s’engouffre sous terre pour aller ressortir au « gour » de Saint-Vincent, la Guillone, lasse, les pieds meurtris, se sied au bord d’un boqueteau de chênes, et mange son pain. Pendant qu’elle mâche lentement le pain dur, voici venir l’Audète qui s’en retourne à Hautefort.

— Et que fais-tu là ? interroge-t-elle en arrêtant sa bourrique.

Lorsque l’autre a expliqué son affaire, l’Audète s’écrie :

— C’est trop de malheur !

Un peu plus, elle aurait pu lui rapporter son nourrisson ! Puis comme il reste une goutte de vin dans son bouteillou, charitablement elle le fait boire à la Guillone et l’encourage :

— Puisque c’est une drole que tu veux, demande cette petite que je portai hier ; elle est tout plein bravillotte…

Et l’autre répond que pour les filles pauvres,