Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

claire à peine un étroit « fenestrou », sur le lit recouvert d’une courtepointe de grosse toile, piquée d’étoupes en guise de laine, un petit cercueil est placé. À côté, sur un escabeau à trois pieds, une femme est assise et attend. L’homme entre, et, après quelques paroles, prend la caisse, qui semble une boîte à violon, descend la butte et s’en va vers le cimetière, suivi de la mère de la petite créature.

Pour ces enfançons si jeunets, le curé ne se dérange pas ; le « mérillier », qui a « cavé » la fosse, y descend la boîte à violon, comble le trou, relève le déblai sur laquelle la mère pose une croix de mousse, et c’est fini : l’enfant dort à jamais sous la terre fraîche, heureux petit évadé de ce monde où le guettait la misère.

Rentrée dans sa masure, la femme fiche sa quenouille dans sa ceinture et se met à filer. Les pauvres n’ont pas le temps de câliner leur chagrin, il leur faut travailler à force pour « affaner » le pain de chaque jour, que le Dieu du ciel ne donne gratuitement qu’aux riches de ce monde.