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est longue d’Hautefort à Périgueux : sept grosses lieues de pays, il faut bien prendre des forces ! Et puis, en ce temps béni, le vin n’est pas cher, trois sous la pinte de litre ; pour six liards on lui remplit son « bouteillou » de terre brune.

Enfin, sur les quatre heures du soir, l’Audète, poussant sa bourrique, longe les tanneries de l’Arsault, et, une petite demi-heure après, elle est à Périgueux, devant l’hospice. Le portail s’ouvre, et, après vérification des papiers, les enfants sont reçus par une sœur, escortée d’une forte nourrice qui a deux gros pis de vache pendant sous sa robe d’indienne.

Ils sont un peu mouillés, les pauvres petits, et gelés par la bise aigre ; sans compter qu’ils n’ont pas le ventre plein, surtout les deux qui n’ont tété qu’à la bouteille de lait froid.

C’est le commencement de leur apprentissage de misère.