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quidam au guet sourit. L’homme approche, toujours se parforçant à chanter, et sa voix tremblotte un petit, au refrain :


La pus brâv’ ey ma mïo…


Tout d’un coup la voix s’étrangle dans sa gorge. Un être, grand, « bourru » a sauté dans le chemin à deux pas devant lui. Point de figure d’homme, tout est poilu. Le pauvre mâtin est transi, ses cheveux soulèvent son chapeau ; il croit voir le Diable, l’ « Aversier », le « Lébérou », ou loup-garou, la « Citre »… tous les êtres fantastiques des superstitions locales. Mais un lourd « billou » se lève sur sa tête et une voix sourde lui pose l’antique et classique alternative :

— La bourse ou la vie ?

De répondre, l’homme en est fort empêché. Malgré qu’il ait bu raisonnablement, il a la gargamelle râpeuse comme s’il avait mangé des nèfles vertes, et ses jambes flageolent…

Alors l’être poilu grogne :

— Vite !