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Ce soir-là, un loup de cette espèce est embusqué derrière une touffe de genêts à balais, tout sur le bord du chemin. On le prendrait vraiment pour une bête sauvage, quelque chose comme un grand homme des bois. Une manière de blouse grossière faite de peaux de bique grises lui vient à moitié cuisses. Sur la tête, il a un bonnet pareil ; il est masqué d’une peau de lièvre avec deux trous pour les yeux, et ses mains sont couvertes de même fourrure. Voilà deux heures que le quidam est là ; et nul ne passe. Il est bientôt minuit. Fatigué d’attendre inutilement il va quitter son affût, lorsque du côté de Chasseins, il oit venir quelqu’un qui chante. L’homme ne marche pas très vite, ni très droit. À mesure qu’il approche, on comprend les paroles de la chanson :


Ya tres drôlas bravas
Dedin nôtre villaje…


Mais la voix du chanteur est comme sa marche, mal assurée ; on devine un apoltroni qui veut faire le crâne. Sous son masque poilu, le