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demoiselle, lorsqu’on lui en parle, elle dit qu’il a dû arriver quelque chose à Milou, car elle ne voit aucune raison de son départ si brusque… non… véritablement elle n’y comprend rien.

Mais la nuit, lorsqu’elle est seule, couchée, et qu’elle se remémore comment elle faillit se donner là-bas, dans la Petite-Forêt, elle frémit en pensant aux conséquences. Ah ! sans le malheur qui lui est advenu par la scélératesse de ce Rudel, elle ne serait point exposée à de semblables choses ! Elle aurait un mari, des enfants et vivrait heureuse. Les plaisirs permis, la maternité, l’allaitement, le soin des petits, eussent attrempé, amorti cette ardeur des sens qu’elle a de la peine à contenir. Son tempérament n’est un malheur que parce qu’elle est en état de viduité, qu’elle est privée des joies de l’amour et de ses fins naturelles et légitimes, qui sont non pas le plaisir stérile, mais la génération des êtres humains…

Ah ! ce misérable Rudel qui l’a perdue !