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— Ça meurt de faim, ça pauvre !

Pendant ce temps, l’Audète fait boire à la fiole les deux autres petits malheureux. Mais ils n’y vont pas de bon cœur : le lait s’est refroidi, et puis une éponge, ça n’est plus un bon bout de mamelle où le lait monte tout seul.

— On devrait empêcher d’apporter comme ça les enfants à l’hospice, — dit une autre femme.

— Et comment la chose se pourrait-elle faire ? riposte une troisième. D’ailleurs, ça vaut encore mieux que de les enterrer dans le jardin ou de les faire manger à la truie !

— Vous avez raison, vous ! dit l’Audète ; et puis, si on ne les recevait pas à l’hospice, moi j’y perdrais mes deux livres dix sous par voyage !

Cependant les enfants, ayant quelque peu sucé l’éponge, sont remis dans leur « panière » et, de l’autre côté où est la pierre, la femme qui a fait la charité de son lait à la petite Anicée la replace sur le regain, endormie, bien repue.