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Là on trouve à souhait une pleine chemisée de chair pour trente sous, vingt sous, dix sous même. Dire que cette chair est bien fraîche, ça serait mentir ; mais les affamés qui viennent là n’y regardent pas d’aussi près. Il y a d’ailleurs dans le voisinage des maisons plus chérentes pour ceux qui sont bien argentés comme Milou en ce moment ; et c’est là que, dédaignant les sollicitations cyniques de nymphes coiffées de madras voyants, Verdil va frapper.

Jusqu’au lendemain à midi, dans cette maison aux contrevents clos, ils font la débauche, fument des cigares de cinq sous, boivent du prétendu champagne, chantent et paillardent. Ils ne sortent que lorsque Milou a jeté son dernier écu, pour une tournée de vespétro offerte comme coup de l’adieu.

C’est à regret qu’il s’en va, le grand vaurien. Ce mobilier fané, souillé, banal, le flatte, lui qui un an devant, couchait sur la paille dans un grenier. Le luxe fripé, le fard, les parfums frelatés, l’ont grisé… Surtout le relent des sales plaisirs de la nuit le tire en arrière.