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bons endroits, mène son camarade dans le quartier de l’ancien couvent des Augustins.

— Tu vois, dit-il, ce bâtiment, c’est la prison.

— Ah ! fait Milou, ces grands murs noirs n’ont pas l’air « jovents » !

— Hé ! on n’y est pas si mal que tu dirais bien.

— Tu y as été ?

— Oui… pour un cheval que j’avais trouvé un soir de foire…

Milou rit et ils entrent dans la rue qui longe l’ancien couvent devenu prison.

Cette rue est pavée de cailloux rouges de rivière, avec une rigole au milieu qui garde les résidus impurs des cuvettes vidées par les fenêtres. Tout le long, d’un côté, les hauts murs de la prison ; de l’autre, des maisons sales, humides, suant le vice, d’où sortent des bruits de cliquetis de verres, de disputes, et des chants obscènes. Une écœurante odeur de pommade à la rose et de savon au musc, empuantit cette rue étroite où le soleil ne voit jamais, où trullent des pantalons rouges.