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Puis, l’autre jour, rencontrant une file de mulets revenant de la forge de Saint-Médard, les hommes assis sur leurs bêtes l’ont plaisantée en passant.

— Qu’as-tu fait de ton grand Milou, petite ?

— On te l’a pris, là-bas, à Saint-Agnan !

— La drole y est plus grasse que chez la Légère, vois-tu !

— Et puis, mieux peignée !

La pauvre Suzou regarde tristement les muletiers qui se gaussent d’elle et ne leur répond pas.

C’est de ce côté maintenant que la jalousie la travaille. Il y a près de quinze jours qu’elle n’a vu Milou ; elle le guette de loin, et un jour le joint comme il traversait le bois allant aux puits de mine. La pauvrette a le cœur bien gros et se plaint tout doucement en pleurant. Mais lorsque ce scélérat de Milou l’a enlevée de terre, la tient dans ses bras comme un petit enfançon et lui dit tout plein de paroles amiteuses, elle s’apaise vite.

Ensuite il lui fait des contes : les muletiers ont voulu se moquer d’elle…