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Le brigand !

— Pourtant les garçons en ont, d’ordinaire.

Lui était si malheureux lorsque la demoiselle l’a pris… aucune fille n’eût voulu le regarder.

— Alors tu n’aimes personne ?

— Personne.

Et, pensant aux propos du tailleur, il la regarde comme qui dit : personne que je puisse nommer.

À ce moment ils quittent le vieux grand chemin de Limoges et suivent les sentiers des bois. À un endroit où ça monte un peu, Milou prend, comme pour s’aider, le bacul du panneau ; elle croit qu’il va lui toucher la jambe et un frisson lui suit tout le corps.

Ces bois de la Petite-Forêt sont déserts en ce beau soir de dimanche ; du moins on ne voit personne. Céleste ferme à demi les yeux et se laisse aller à la griserie de ses désirs. Tout l’affole, la passion qui lui mord le cœur, la solitude, tout, jusqu’au mouvement de sa monture… et le garçon est là, elle n’a qu’à étendre la main.