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entré dans sa maison, il est entré dans sa tête aussi, de manière qu’elle pense à lui souvent, toujours pour mieux dire. Seulement, comme c’est une femme d’entendement, elle tâche de faire en sorte qu’on ne la croie pas pressée de l’avoir toujours autour de ses cotillons.

Toute la semaine elle rumine ses désirs et se prend davantage. À la maison, elle ne perd guère Milou de vue et a toujours quelque chose à lui commander. Elle aime surtout à lui voir faire quelque chose qui demande beaucoup de force. Ça la remue, elle y prend plaisir et pourtant craint pour lui :

— Ne fais pas plus que tu ne peux ! dit-elle.

Mais le garçon a l’orgueil de sa force et répond qu’il ne l’emploie pas toute.

On est au temps des vendanges, et dans les vignes de la réserve, Céleste coupe les grappes avec une sienne cousine, venue de Chabrignac en Limousin. Il fait chaud, les vendangeuses ont un grand chapeau de paille qui les garde du soleil. Milou, lui, n’a rien sur la tête ; ses cheveux frisés, épais, l’abritent assez ; et puis, il