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Il y a un moment déjà qu’elle ne mange plus ; ce matin elle n’a pas d’appétit ; quelque chose lui farfouille dans la cervelle.

Ayant levé le couvert, serré les affaires dans le buffet, la Poulette revient à la cuisine avec la vaisselle de la desserte :

— Tu peux y aller quand tu auras achevé, dit-elle à Milou.

Celui-ci trinque une dernière fois avec Guéral, passe sa manche de blouse sur ses babines, et, la cuisinière lui ayant ouvert la porte, va parler à la demoiselle.

Il la trouve assise près de la table, dans un vieux fauteuil à pieds tournés garni d’un coussin, et se plante devant elle, sa casquette de peau de lièvre à la main.

C’est aujourd’hui dimanche, la Poulette revient, verse le café, puis s’en retourne.

— Quel âge as-tu ? demande la demoiselle en mettant de la cassonade dans sa tasse.

— Dix-huit ans, demoiselle.

— Tu n’as pas perdu ton temps, on t’en donnerait bien vingt, et plus.