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point à coup sûr le père déjà sur l’âge, paralysé d’un côté, ni la mère, bonne femme tout plein, mais n’y voyant pas plus loin que le bout de son nez, comme on dit, et elle était camarde.

Si elle n’avait eu des coquilles de noix sur les yeux, elle eût connu qu’il lui fallait marier sa Céleste plus tôt que plus tard, à cause qu’elle était de trop amoureuse manière. Si elle l’avait pu voir se pâmer presque, lorsque l’ami Rudel la lutinait en plaisantant, elle eût compris que cette forte fille, précoce, au sang chaud, avait grand besoin d’un mari, et jeune.

Malheureusement elle ne s’apercevait de rien. Aussi ce qui devait arriver arriva, et un jour Céleste, qui prenait plaisir à ces badinages, sans conséquence croyait-elle, se trouva prise en un instant d’oubli.

Ah ! que de larmes lui a coûté cette inconscience d’une minute où l’avait amenée ce scélérat de Rudel !

Il lui avait fallu céler sa grossesse à sa mère d’abord, puis, lorsque ce ne fut plus possible,