Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelque peu et en vivant sur le pays. Dès le matin, ils s’égaillent par là, mangent des mûres sur les haies, des raisins et des « percès » dans les vignes, font cuire sous la cendre d’un feu de bergère, des pommes de terre, des châtaignes volées, ou griller sur une pierre des grains de maïs.

Milou grandit dans cette misère tant qu’il peut. La première année est dure, les mamelles de la Barbote s’étant desséchées. Sans une vieille chèvre qui lui donne le pis au lieu et place de la mère nourrice, bien sûr il crèverait de faim. La bonne bête, duite à ça, vient au galop, oyant l’enfançon crier ; elle se poste en travers sur la paillasse et lui met à portée le trayon qu’il attrape goulûment : c’est elle qui gagne les quatre francs du gardiennage.

Lorsque l’hospice cesse de payer, il est question de remettre Milou aux sœurs. Mais il est si fort, si vivant, si « escarabillé », que les Barbots se décident à le garder, dans la fiance qu’il les aidera quelque jour.

À six ans le drole est plus grand que l’avant-