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dans sa tête, elle est plus calme. La pauvre drole sait que, lorsqu’elle voudra, tous ses malheurs seront finis. Parfois, pourtant, sa jeunesse se révolte et de folles imaginations lui viennent… Jean l’aimait tant !… Peut-être reviendra-t-il lui dire que, malgré tout, il l’aime toujours…

Oui, mais un coup de pied de l’enfant la rend à la réalité : décidément, il faut mourir.

Le soir, elle sort de la maison et descend dans le vallon du Thévenau. Elle suit le ruisseau en disant son chapelet. Arrivée au moulin du Coucu, elle épie un instant : point de lumière, le meunier et son monde dorment. Sur la chaussée de l’étang, elle se met à genoux, fait sa prière, demande pardon au bon Dieu et à la sainte Vierge, puis donne une dernière pensée à son Jean, mort ou vivant. Ensuite, elle attache ses cotillons autour de ses jambes, et se suspend à une branche d’un vergne crû entre les pierres. La froideur de l’eau la saisit : elle a comme un mouvement de révolte de sa chair qui frissonne devant la mort. Mais le senti-