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l’enfant de son cœur, et lui promet de veiller sur la petite.

— Ô mère ! protège-la bien ! S’il lui arrivait quelque chose, je ferais des malheurs !

— Oh ! mon Jean !…

Et madame Rudel va prendre dans sa « lingère » le boursicot qu’elle a fait avec les petits profits de la basse-cour. Il y a près de cent cinquante francs dans la bourse de filet vert aux anneaux d’acier ; la mère en larmes la met dans la poche de son Jean :

— Je t’en enverrai d’autre pour te servir au régiment…

La nuit venue, Jean embrasse sa mère une dernière fois, puis ses frères et sœurs, passe à la cuisine, serre la main des domestiques, des métayers montés pour lui dire adieu, et sort sans voir son père.

En passant, il entre chez la Guillone et trouve sa petite mie en pleurs.

— Écoutez-moi, Guillone, donnez-vous bien garde de cette mienne Nicette ! Que rien ne lui arrive ! Je tuerais quelqu’un ! Ne la laissez pas