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accru. D’en faire honneur au seul M. Rudel, ce serait trop s’avancer ; cependant il y a là plusieurs garçons qui ont les cheveux rouges comme lui, et plein la figure de taches de son : pour sûr, ceux-ci sont de son estoc.

De tous les conscrits des treize communes du canton d’Hautefort, Jean est sans comparaison le plus beau, le mieux bâti.

— Quel superbe cuirassier vous feriez ! lui dit le préfet.

Jean tire le numéro sept ; il ne s’en émeut pas trop, et se dit qu’au pis aller, ce n’est qu’une douzaine de cent francs perdus. Mais s’il avait pu voir la figure de son père à ce moment, il eût connu que son affaire était claire.

Les jours se passent et M. Rudel ne dit rien. Pourtant, il est tellement d’usage dans les familles riches de faire remplacer les fils tombés au sort, surtout l’aîné, que Jean ne s’en inquiète pas et suppose que la colère de son père ne le fera pas déroger à une coutume si religieusement observée dans la bourgeoisie campagnarde du Périgord.