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agnelle, lorsque derrière lui surgit Jean, pâle, essoufflé.

Il attrape son père par sa lévite et l’attire violemment en arrière :

— Misérable ! Vous voulez donc passer en cour d’assises !

— Polisson !

M. Rudel n’en peut dire davantage ; il étouffe de colère et lève le bâton sur son fils.

Mais Jean le saisit et le lui arrache :

— Allez-vous-en, scélérat !

— C’est comme ça que tu respectes ton père ?

— Il est si respectable !

— Je vais te corriger, méchant morveux !

Et M. Rudel empoigne son fils au collet.

Les deux hommes se crochent et se saboulent. Un reste de considération de la parentèle les retient. Ils ne se portent pas de coups, mais, comme deux lutteurs, cherchent à se terrasser. Le père est dans toute la vigueur de ses quarante-cinq ans ; le fils a la force et l’agilité de la jeunesse. Après bien des efforts inutiles,