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Pourtant ils se désirent, parce qu’ils sont tous deux jeunes, sains, et que la fin naturelle des êtres le veut ainsi.

L’œuvre de chair ne désireras
Qu’en mariage seulement.

Elle sait ça, certainement, la petite Nicette, et que c’est un gros péché mortel de se donner avant le sacrement : le curé le leur a dit assez au catéchisme. Mais elle aime tant son Jean, elle a tant foi en lui, elle est si désintéressée, que, sans rien lui demander, ni promesses ni serments, par pure bonté de cœur, elle se damnerait pour le rendre heureux.

Mais Jean ne le demande pas ; il n’est pas égoïste et ne veut pas que son bonheur coûte des chagrins à sa petite mie. Ils se parlent bouche à bouche, s’embrassent, s’étreignent, se lâchent pour se regarder dans les yeux, se reprennent vingt fois… puis, de crainte d’être surpris par quelque braconnier, Jean s’en retourne vers Chasseins.

Est-il vraiment le fils de M. Rudel, cet hon-