Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Non point, notre monsieur.

— Il y a du temps que je ne la vis ?

— C’est qu’elle va garder la chèvre.

— Ah !

Et M. Rudel continue son chemin, préoccupé.

Quand il est à distance, la Guillone grommelle quelque chose entre ses dents et regarde le médecin d’un mauvais œil.

C’est que, dans le pays, il est connu que, lorsque M. Rudel s’informe d’un homme, c’est pour le saigner ; d’une fille, c’est pour la mettre à mal. C’est même passé en proverbe :

« Gare le portage de M. Rudel ! »

Jean, lui, voit la petite Nicette plus souvent que son père. Il n’y a guère de jour qu’ils ne se rencontrent. Si quelqu’un est en vue, ils se croisent sans s’arrêter, avec un mot amiteux et un coup d’œil qui en dit long. Si l’endroit est abrité des curieux, ils se prennent la main et babillent longuement. Et, hasard ou non, c’est le plus souvent dans un lieu idoine aux parlers amoureux qu’ils se trouvent.

À l’heure même où M. Rudel interrogeait la