en cette ville, mourût sans se réconcilier avec lui. Au moment où vous allez comparaître à son tribunal, il vous envoie le plus humble de ses prêtres pour recevoir votre confession…
— Je n’ai pas besoin de toi ! sale hypocrite ! Sors d’ici !
Mais l’abbé poursuivit imperturbablement :
— Rappelez-vous donc vos fautes et vos impiétés, hélas ! trop nombreuses ! Souvenez-vous de tous vos péchés contre la religion et déposez-les dans mon sein…
— Fous-moi le camp ! méchant calotin ! Damase ! Damase !
Et sa main s’agitait convulsivement sur la couverture comme la main « de gloire » des sorciers.
— Mon fils, si vous n’êtes pas en état de faire une confession générale, avouez en masse toutes les profanations, tous les sacrilèges, tous les blasphèmes, tous les crimes dont, surtout à l’époque de l’odieuse Révolution, vous vous êtes rendu coupable envers Dieu et envers ses ministres :
— Ah ! gémit le vieillard, nous les avons trop épargnés !
Et, par quelque réminiscence des vers de Diderot, il ajouta, d’une voix faiblissante encore :
— Eussé-je vu étrangler le dernier prêtre avec les boyaux de Capet !
— Vous vous repentez, mon fils, vous détestez vos erreurs et vous maudissez vos crimes ; Dieu en soit loué ! faites votre acte de contrition, afin que Dieu très miséricordieux vous absolve comme je le fais !
Et l’abbé triomphant, railleur, le sourire de la haine sur les lèvres, leva la main au-dessus de la tête du mourant et, les yeux fichés sur les siens, prononça la formule sacramentelle de l’absolution, tandis