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les inclinations de la jeunesse. Mais si les circonstances expliquent cette malheureuse faute et l’excusent dans quelque mesure, elles ne l’innocentent point, et surtout ne t’autorisent pas à y persister, comme tu as fait jusqu’ici. Il te faudrait faire en sorte de n’avoir plus l’occasion de pécher… Comment comptes-tu t’y prendre ? Ce sera difficile si ce jeune homme reste chez toi.

— Pourtant, dit-elle, mon mari se repose sur lui maintenant du travail de l’étude… Je ne puis lui dire de le renvoyer ; il me demanderait pourquoi. Et puis, s’il partait ainsi brusquement de la maison, ce serait comme un aveu public qui nous déshonorerait, mon mari et moi, car on en chuchote déjà. Mais, donnez-moi le temps d’y songer. Je ne puis pas vous promettre de ne plus penser à lui, tout de suite, ce serait impossible… Mais je vous promets de tout mon cœur de renoncer au péché, de fuir toutes les occasions d’y retomber, d’éviter toutes les circonstances qui pourraient m’y ramener… Je vous supplie, en grâce, de me donner l’absolution ! Je n’ai pas communié à la Toussaint ; si je ne communie pas à la Noël, moi qui n’ai jamais manqué une fête, autant avouer mes péchés publiquement. S’il n’y avait que moi, j’accepterais cette humiliation comme une pénitence, mais cela retomberait sur mon mari… Je suis sûre, continua-t-elle, que la sainte communion me donnera la force de résister à la tentation… Donnez-moi l’absolution, répéta-t-elle, exaltée et très sincère ; je vous promets que je ne faillirai plus !

Tandis qu’elle parlait ainsi, les mains jointes, inclinée vers lui, le vieux prêtre hocha encore la tête :

— Ma fille, dit-il, je n’ai pas le droit d’être plus sévère que Notre-Seigneur Jésus-Christ ; je t’absous et je te dis comme lui : « Va en paix et ne pèche plus ! »