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pette, bonne, douce, mais simple et naïve comme à quinze ans, elle avait pourtant la ruse, avant d’en venir à son aveu, d’exposer toutes les circonstances qui pouvaient atténuer sa faute ; et elle le faisait avec une habileté ingénue et s’exprimait avec une facilité et une abondance qui ne lui étaient pas ordinaires. « Comme l’amour lui a donné des idées et délié la langue ! » pensait-il. Et il se prenait à la plaindre, en vérité, et se disait que ce qu’il y avait d’étonnant dans tout ceci, ce n’était pas qu’elle eût péché, mais qu’elle ne fût pas tombée plus tôt.

Et puis, elle en vint à s’accuser de son amour pour Damase et comment cela lui était venu. D’abord, un intérêt mêlé de pitié pour cet orphelin adolescent ; ensuite, un sentiment plus tendre ; puis un amour profond qui s’était emparé d’elle ; et, enfin, une passion violente, exclusive, affolée qui l’avait envahie tout entière, esprit, cœur et sens, et à laquelle elle n’avait pu résister… Et, dans un naïf mouvement d’amour et d’orgueil féminin, elle ajouta :

— Mais quelle femme, à ma place, n’eût fait comme moi ? Il est si beau !

Et, disant cela, ses yeux, tournés vers le vieillard, flambaient de toutes les joies remémorées de l’amour terrestre.

Le vieux cœur racorni de l’archiprêtre se réchauffa un instant à cette flamme, et peut-être quelque souvenir de sa jeunesse apparut-il à son esprit, car il resta un instant silencieux.

— Ma pauvre Pimpette, dit-il en se reprenant, tu as péché, et bien gravement. Je comprends que ta vie n’a pas été telle qu’une femme est en droit de l’espérer. Il en est souvent ainsi dans une société où les questions d’argent et de position priment les indications de la nature, du bon sens et