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— Diantre ! et qu’y a-t-il donc ?

— Je viens me confesser, dit-elle.

— Et pourquoi ne vas-tu pas trouver l’abbé, comme de coutume ?

— Me confesser à M. Turnac ? Oh ! non, jamais !

Il la regarda :

— C’est donc bien grave ?

— Oui ! gémit-elle en se jetant à genoux près du vieux prêtre, les mains jointes sur le bras du fauteuil.

Il comprit.

— Allons donc, Pimpette ! fit-il, remets-toi sur ta chaise et dis-moi ce qui te chagrine. Je te connais depuis que je t’ai baptisée, et si tu as fauté, ce n’est point par malice, mais par faiblesse.

Alors, encouragée, elle se rassit et commença par le récit de sa vie depuis sa jeunesse. Elle raconta sa première inclination contrariée par ses parents ; son mariage sans amour avec M. Boyssier qui avait plus de deux fois son âge ; son union stérile ; son existence s’écoulant tristement pendant vingt ans à côté de ce mari indifférent qu’elle s’efforçait inutilement d’aimer par devoir religieux.

— Ah ! s’écria-t-elle, si mon pauvre père m’avait mariée avec celui que j’aimais, je serais restée honnête, le péché ne serait pas entré dans mon cœur !

Le vieux prêtre hocha la tête dubitativement pendant qu’elle continuait.

Oh ! non, si j’avais eu un mari qui m’aimât, je ne serais pas tombée ; et si j’avais eu des enfants ! Oh ! des enfants m’auraient gardée du mal ! Mais, toujours seule, sans affection, sans soutien, avec un vieux mari au cœur sec, plein de manies et occupé surtout de ses cailloux. J’ai succombé !

Et elle se reprit à pleurer.

L’archiprêtre écoutait, pensif. Cette petite Pim-