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Son service, d’ailleurs, n’était pas bien pénible. Le soin de la jument, la culture du jardin en faisaient la partie principale. Il fendait le bois pour la cuisine, allait chercher l’eau à la fontaine, allumait le feu à l’étude, l’hiver, et se rendait utile de diverses façons. Mme  Boyssier l’envoyait faire ses commissions en ville : chercher du fil, acheter une livre de chandelle, ou porter une « tourte » de pain chez de pauvres gens. Le notaire le chargeait de commissions plus importantes et l’envoyait quelquefois déposer à la Conservation des hypothèques de Sarlat des actes enfermés dans un tube de fer-blanc, semblable à ceux dans lesquels les soldats mettaient autrefois leur congé. M. Branchu, le clerc de l’étude, l’appelait aussi assez souvent et lui faisait monter du bois ou l’envoyait au bureau de l’enregistrement chercher du papier timbré, ou encore à la poste, mettre des lettres. Quelquefois, il le chargeait de commissions personnelles et lui remettait sa tabatière à queue de rat, dans laquelle il y avait une fève, pour aller quérir deux sous de tabac. Damase mettait une extrême complaisance à satisfaire ce vieux garçon assez paresseux, et recherchait toutes les occasions d’aller à l’étude. Le clerc, qui s’ennuyait assez souvent, pour être seul, M. Boyssier étant presque toujours dans son cabinet à classer ses silex et à en dresser le catalogue raisonné, l’accueillait bien. Damase contemplait avec une sorte de respect cette étude dont deux côtés étaient occupés par des casiers remplis de liasses ou de cartons étiquetés par années, renfermant les minutes de l’étude depuis trois cents ans. Il y avait aussi là, rangés sur des rayons, une certaine quantité de livres de droit et de pratique professionnelle et aussi des livres d’histoire, de littérature : Anquetil, le Siècle de Louis XIV et l’Essai sur les Mœurs, une tra-