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Le notaire revint le soir, après avoir recueilli une gibecière pleine de silex et d’ossements, content de sa journée et enchanté de Damase qui l’avait aidé très intelligemment dans ses fouilles. Comme il exprimait sa satisfaction à M. de La Ralphie, le soir, en soupant, et manifestait le regret de n’avoir pas un petit domestique semblable, celui-ci dit :

— Mais vous pouvez le prendre, si vous voulez ; moi, je ne l’avais que pour conduire Valérie tous les jours au Prieuré. Il ne m’est plus nécessaire maintenant ; c’est bien assez de Mentillou pour soigner ma jument, mes chiens, et travailler le jardin.

Damase, appelé, fut étonné de cet arrangement, mais il répondit qu’il ferait comme « le Monsieur » voudrait et l’affaire fut conclue.

Le lendemain, M. Boyssier s’en retourna dès le matin, et, dans l’après-midi, Damase ayant fait ses adieux à Mentillou et aux deux servantes, s’achemina vers Fontagnac, portant son paquet sur son épaule, au bout d’un bâton. Le paquet était léger : une chemise dans un mouchoir et c’était tout. Le garçon s’en allait lentement et songeait. Certainement, cela lui faisait plaisir de se rapprocher de sa demoiselle ; mais, d’autre part, il était fâché de n’être plus à Guersac, de ne plus lui appartenir. Puis, il pensait avec amertume à la facilité avec laquelle M. de La Ralphie l’avait cédé à Me Bayssier, lui, si dévoué à sa fille et à lui-même par ricochet.

Lorsqu’il entra dans la cuisine du notaire, Mme Boyssier était là, parlant à sa servante. En voyant ce beau grand garçon, mal vêtu, avec son petit paquet, elle éprouva un sentiment de commisération.

— Voilà tout ton paquet, pauvre !

— Hé ! oui, dame ! dit Damase en souriant.