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— Oui, mais vous êtes bâti à chaux et à sable, et vous irez loin encore.

— Bah ! il n’importe ; seulement, je voudrais voir chasser le soi-disant « roi des Français » avant de mourir. Tenez, je ne suis pas suspect de sympathie pour le neveu de l’assassin du duc d’Enghien ; eh bien, je regrette parfois que le coup de Strasbourg n’ait pas réussi.

— Tout lui succède bien, à ce fils d’Égalité, dit le commandeur qui était venu avec quelques autres saluer M. de La Ralphie : on lui tire coups de pistolet, coups de fusil, on le manque… et ne vient-il pas de faire dresser un obélisque, venu d’Égypte, sur la place Louis XV !

— Cela ne durera pas toujours, répartit M. de Brossac ; l’heure de la justice divine sonnera et nous reverrons nos princes légitimes.

— Il faut l’espérer, dirent ensemble ces messieurs.

Et M. de Brossac reprit son journal, et les autres leur partie interrompue par l’entrée de M. de La Ralphie.

Lui, frappa du doigt à la cloison, et une personne d’âge mûr, en robe d’indienne à palmes avec des manches « à gigots » et coiffée d’un bonnet à coques, vint aussitôt.

— Une demi-tasse, s’il vous plaît, Mademoiselle Célestine, dit M. de La Ralphie, après les salutations de rigueur.

Tout en prenant ce que le Commandeur appelait un « moka », M. de La Ralphie regardait d’un œil distrait les joueurs de piquet qui concentraient toute leur intelligence sur un coup et réfléchissaient longuement avant de lâcher une carte. Deux quinquets, appliqués au mur éclairaient mal le bout de la salle où se tenaient les joueurs ; l’autre bout, où était le