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contre-hastiers de fonte, une belle volaille que le feu dorait agréablement. Valérie commença par arroser le rôti, puis voulut parcourir la maison, qu’elle ne connaissait pas encore. C’était un vieux logis d’autrefois, assez irrégulier. Au rez-de-chaussée étaient l’écurie avec une soupente, la cave, le bûcher et la buanderie. Le premier et unique étage était partagé en cinq pièces, dont deux très grandes. Pour chasser l’humidité et l’odeur du moisi qui s’exhale des maisons inhabitées, la Mariette avait allumé du feu partout. La pièce à deux fins où l’on recevait et qui servait aussi de salle à manger était entièrement revêtue d’une vieille boiserie de noyer. De chaque côté de la vaste cheminée, où brûlaient d’énormes bûches sur des chenets en fer forgé, s’ouvraient deux placards qui faisaient corps avec la boiserie. Au milieu de la pièce une table longue à pieds tors, recouverte d’une nappe de belle toile de ménage, sur laquelle le couvert était déjà mis. Dans un coin, un vieux bahut à quatre portes, curieusement ouvragé, faisait face à un buffet de même style avec un dressoir en forme de vaisselier où brillaient de vieilles faïences et un service d’étain aux armes des La Ralphie. Des fauteuils anciens, à dossier carré, recouverts de tapisseries aux couleurs éteintes, et de lourdes chaises tournées, rangées le long des murs, complétaient l’ameublement.

Au-dessus de la tablette de la cheminée, la boiserie encadrait une peinture obscurcie par le temps, où on distinguait vaguement des chiens coiffant un sanglier. Tout cela était simple, massif et fort éloigné du confortable mesquin d’à-présent. Mais cette pièce avait du caractère : la solidité des meubles faisait involontairement songer à la robustesse des hommes d’autrefois, moins affinés, moins nerveux, mais plus vigoureux et plus sains que ceux d’aujourd’hui. Et puis