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payer trois fois le prix ordinaire de la pension.

Tout étant bien convenu, deux jours avant la Sainte-Cécile, M. de La Ralphie, ayant envoyé devant la cuisinière, partit pour Fontagnac emmenant Valérie. C’était le premier voyage de l’enfant, qui manifestait sa joie en pensant aux curiosités de cette foire, célèbre dans le pays, et même hors de la province.

En ce temps-là, les voitures particulières étaient à peu près inconnues dans ce coin reculé du Périgord, où il n’y avait, sauf une grande route qui traversait Fontagnac, que des chemins impraticables. Les gens riches voyageaient à cheval et les dames sur une bourrique, ou en croupe derrière leurs époux.

Tout en cheminant sur sa bonne bête à longues oreilles, qui suivait la jument de M. de La Ralphie, grâce à Damase qui la pressait avec une verge, Valérie, donc, questionnait son « père sur ce qu’il lui achèterait pour « sa foire », selon la locution en usage dans le pays ; sur ce qu’ils verraient à Fontagnac ; sur le temps qu’ils y passeraient, — car elle ignorait encore la décision prise à son égard ; — et son babil et ses réflexions empreintes souvent de raison précoce, occupaient agréablement la longueur du chemin.

Au mois de novembre, il fait mauvais temps dans cette région et il est même de règle que la foire de la Sainte-Cécile soit fortement mouillée. C’est pour cela que, quelques jours auparavant, l’administration des ponts et chaussées fait recharger la route dans la traversée de la ville. Grâce à la pluie, aux charrettes, aux chevaux, au bétail de toute espèce, au piétinement incessant des milliers de personnes qui affluent à Fontagnac ce jour-là, les pierres sont tassées le lendemain, comme si un lourd rouleau à macadam y avait passé. Cette année ne devait pas faire