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— Nous y voilà, Monsieur le sous-préfet !

— Merci ! Saujac….

Et, ayant mis une pièce d’argent dans la main du cocher, M. de Massaut s’élança dans l’escalier.

— Madame est dans la salle à manger, lui dit une bonne sur le palier.

Il entra vivement. Sous la lampe suspendue, la table brillait, le couvert mis. Autour, trois marmots, perchés sur de petits fauteuils, attendaient impatiemment le retour du père. Les deux aînés tapaient sur la table avec leur cuiller ; le troisième, une adorable petite fille de deux ans, suçait la sienne. Près des bambins, assise sur une chaise basse, Mme  de Massaut allaitait son plus jeune enfant. Le petit, gorgé de lait, lâchait le sein, puis le reprenait, gourmand, pour boire une goutte suspendue au mamelon.

— Papa ! papa ! s’écrièrent les enfants en dégringolant de leurs fauteuils pendant que la mère voyait, avec un bon sourire, son mari venir à elle.

Et, sans bouger, lorsqu’il fut près, elle leva la tête vers lui. À son étreinte plus affectueuse, au baiser qu’il lui donna, elle tressaillit de bonheur et regarda son mari, tendrement, les yeux humides.

— Oui, ma chérie, dit-il comme pour répondre à son heureuse surprise, tu es un ange et moi je suis un ingrat, pardonne-moi !

Et, tandis que, délicieusement émue, elle protestait doucement et fermait les yeux, il les baisa longuement. Puis, il prit l’un après l’autre, les petits accrochés à ses jambes, et les embrassa avec une effusion de tendresse paternelle qui fit dire à la fillette trop étreinte :

— Oh ! papa !

— Mon cher petit bijou !