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d’ordre administratif. Un jour M. de Massaut, délégué par le préfet, était en cours d’inspection et achevait de parcourir l’établissement, lorsque le directeur lui dit :

— Depuis votre dernière visite, Monsieur le sous-préfet, nous avons reçu, du département de la Dordogne, une aliénée payante qui a été installée dans un petit pavillon, avec une servante à elle qui la garde. Seulement, comme cette malade est extrêmement violente, il a fallu prendre des précautions pour la sûreté et aménager spécialement une pièce en vue de la surveillance. C’est par ici.

Après avoir monté un petit perron, les visiteurs se trouvèrent dans une sorte de vestibule où était assise une grande femme coiffée d’un madras de coton, à la mode des paysannes du Périgord.

— Eh bien ! Géraude, comment va-t-elle, ce matin ? demanda le directeur.

— Toujours pareil, répondit tristement l’autre en patois.

Le directeur ouvrit une porte et entra, suivi du sous-préfet, dans une vaste pièce partagée en deux parties inégales par une grille, comme un parloir de couvent. De l’autre côté de la clôture, la chambre n’était qu’un fouillis de matelas éventrés, de couvertures déchirées, de vêtements effilochés ; tout cela réduit en loques et mis en pièces avec une rage de destruction effrayante.

Dans un coin obscur, une créature était accroupie, les bras repliés sur ses genoux. Comme beaucoup de fous furieux, elle ne pouvait supporter aucun vêtement. Elle était là, nue, les yeux hagards, ses cheveux gris hérissés, retombant comme une crinière. En apercevant les visiteurs, cet être se dressa et le sous-préfet vit qu’il avait été une femme. Ses