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ments étaient pris en ce sens : mademoiselle était emmenée à la ville, chez la modiste ou la couturière en renom, et, sur son piano, bientôt était ouvert, venant de Paris, le morceau vanté par le vicomte. Un jour, ayant eu l’imprudence de louer, par politesse, un macaroni au gratin, le pauvre Guy fut dorénavant régalé de ce plat qu’il n’aimait guère, chaque fois qu’il faisait à ses beaux-parents « l’honneur » de venir dîner aux Tourettes, comme ils ne manquaient jamais de le dire.

Malgré les ridicules de ces bourgeois, le vicomte se laissait aller dans la voie où son parent l’avait engagé. Mlle Marthe, sa future, était une jeune personne de dix-huit ans, blanche, fraîche, bien faite, avec des yeux bruns très doux et de beaux cheveux châtains, que, selon la mode d’alors, elle portait en bandeaux bouffants. Elle n’était pas jolie à citer, mais sa physionomie agréable plaisait et avait un certain charme fait de douceur et de bonté. Comme ses parents, elle était férue du vicomte de Massaut et le laissait voir ingénument. Lui, la tête toujours pleine de la beauté sensuelle de Mlle de la Ralphie, n’appréciait guère les avantages plus modestes par lesquels sa future pouvait plaire. Mais enfin, paternellement raisonné par le préfet, accueilli avec idolâtrie dans la maison des Tourettes, touché du tendre sentiment que, visiblement, il inspirait à la jeune fille et peut-être aussi quelque peu pressé par la situation, le vicomte Guy de Massaut fit le bonheur de toute la maisonnée en épousant Mlle Marthe Carselade.


Quelques années plus tard, M. de Massaut était sous-préfet de Figeac. Il était passivement heureux, de ce bonheur tranquille et doux que beaucoup d’hommes n’apprécient qu’après avoir été étrillés