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gence très déliée et à un remarquable esprit de courtisanerie. Mais ce fonctionnaire avisé était bon homme et bon parent ; il accueillit bien le vicomte et l’installa près de lui comme secrétaire particulier.

— C’est le pied à l’étrier, lui dit-il.

Et, en effet, Guy, qui était intelligent et avait une instruction très suffisante jointe à une sérieuse application, devint bientôt secrétaire général de la préfecture.

Il lui en coûta bien un peu, car il n’était pas, comme le préfet, sceptique et ondoyant. Son caractère droit, sa loyauté native, s’accommodaient mal de la position où il se mettait, lui, légitimiste convaincu, en servant le gouvernement impérial. Mais, comme dit l’autre, « nécessité fait gens mesprendre », et puis ses opinions, refoulées au fond de son cœur, ne l’empêchèrent pas d’être un fonctionnaire correct et consciencieux.

— Maintenant que vous appartenez à l’administration, mon cher cousin, lui dit un jour le préfet, il faut vous marier. Je puis vous faire épouser une jeune fille charmante, bien élevée et riche : qu’en dites-vous ?

— Mon cousin, je vous en remercie ; mais, à quel monde appartient cette jeune fille ?

— Ah ! voilà l’enclouure ! Elle est fille d’un industriel, honnête homme d’ailleurs, d’un meunier enrichi. d’un minotier, si vous préférez…

Le vicomte fit un mouvement significatif.

— Oui, je sais, fit le préfet, vous voudriez vous marier dans la noblesse ; malheureusement, nous n’avons guère de filles riches comme il en faut une au préfet que vous serez plus tard ; et, celles qui le sont, veulent des maris plus riches qu’elles… Que voulez-vous, c’est une nécessité du temps, il faut