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Il lui cherchait des excuses et en trouvait dans l’abandon où elle s’était trouvée, si jeune ; dans sa nature ardente et dans le malheur qu’elle avait eu de rencontrer, au début de la vie, le commandeur de Lussac, conseiller aux manières perverses, qui, au nombre des privilèges de la noblesse, comptait celui de se mettre au-dessus des règles de la morale vulgaire. Le demi-aveu qui lui était échappé au moment de leur séparation était très sincère, et son amour persistait toujours, quoiqu’il eût senti l’implacable vérité des dernières paroles de Valérie et la force insurmontable de la situation qui les séparait, eux, tous les deux loyaux et honnêtes. Le gentilhomme plein d’honneur qu’il était ne pouvait songer à donner son nom, son titre, à l’ancienne maîtresse du sous-lieutenant Vital, et, d’autre part, il savait qu’elle avait le cœur trop haut pour ne pas rejeter avec mépris l’homme capable d’une telle action. Quant au rêve d’être aimé, lui, sans fortune, de Mlle  de La Ralphie, riche, il le sentait irréalisable pour les mêmes raisons de délicatesse qui avaient séparé d’elle son premier amant.

Après avoir été congédié du régiment, le vicomte de Massaut attendit, chez un sien cousin, l’effet de diverses démarches tentées à son intention. Très heureusement pour sa fierté délicate qui souffrait de cette situation, il reçut peu après une lettre d’un parent de sa feue mère, préfet d’un département du Centre qui le mandait auprès de lui. Ce préfet, noble peu fortuné, s’était un des premiers rallié au prince-président auquel il avait fait le sacrifice de ses opinions légitimistes, sacrifice peu pénible, d’ailleurs, car ses opinions n’avaient rien d’intransigeant. Entré dans l’administration, il était parvenu rapidement à une préfecture, grâce à son nom, à une intelli-