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Mlle de La Ralphie contempla longuement ce paysage mélancolique, puis elle descendit vers le château.

Devant la porte hérissée de clous de défense, elle mit pied à terre et frappa un coup du lourd heurtoir de fer forgé, sur lequel se tortillait une vipère grossièrement travaillée. Après avoir épié par une meurtrière, une grande fille robuste, sa quenouille au flanc, vint ouvrir.

— Hé ! c’est vous, notre demoiselle ! s’écria-t-elle en patois.

— Oui, c’est moi, Géraude.

Au bout de la voûte d’entrée se trouvait une étroite cour enfermée par les bâtiments et bordée, d’un côté, par un petit cloître aux arcades ogivales. Valérie mena « Kébir » à l’écurie, le débrida et lui ôta sa selle, pendant que la grande fille était allée quérir de la paille.

Ayant pris soin de son cheval, elle alla vers le corps de logis principal, au fond de la cour, monta un petit perron, aux pierres disjointes, et, lorsque la Géraude eut apporté un trousseau de clefs, elle ouvrit la porte, abritée par un auvent, et entra.

En bas une grande cuisine pavée d’une rustique mosaïque en cailloux du pays et une vaste salle pavée de même et boisée de noyer, tenaient tout le rez-de-chaussée, avec quelques petits réduits. Au fond du corridor dallé, commençait un escalier de pierre aboutissant, au premier étage, à un palier sur lequel s’ouvraient deux chambres, dont l’une était celle de la défunte tante, Mlle Guyonne, comme on l’appelait le plus souvent.

C’était une immense pièce, meublée à la mode de deux cents ans passés, d’un large lit à colonnes, garni de serge drapée, rouge avec des crépines blanches ; d’une « lingère » de noyer à ferrures polies,