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— Il vous faudrait descendre de cheval, demoiselle, l’eau est forte.

— C’est que, de l’autre côté, il n’y a rien pour m’aider à remonter.

— Moi, je vous aiderai, répliqua le bonhomme

Elle sauta légèrement à terre et entra dans le bateau, menant « Kébir » par la bride.

— Vous allez à Canteloube, demoiselle ? demanda le passeur après avoir démarré.

— Hé, oui…

Sur l’autre rive, le vieux se plaça près du cheval, et, se courbant, tendit au petit pied de Valérie ses deux mains jointes en manière d’étrier.

— Il n’en manque pas qui seraient contents d’avoir été à ma place ! dit-il, lorsqu’elle fut en selle.

Mlle  de La Ralphie sourit imperceptiblement.

— Merci, mon pauvre Jean… voici le péage.

— En bien vous remerciant, demoiselle ! fit-il en recevant une pièce blanche ; il me faudrait beaucoup de passagers comme vous !

Elle sourit encore un peu en hochant la tête :

— Allons, adieu, Jean.

Et elle prit un petit chemin qui montait vers les coteaux de la rive gauche.

Au centre du massif des collines étagées qui sépare les vallées de la Vézère et de la Dordogne, et au fond d’une sorte de cirque formé par des hauteurs boisées, se trouve, en plein Périgord noir, le vieux château de Canteloube, ancienne commanderie de Saint-Jean. Autour d’une cour irrégulière s’élèvent des bâtiments aux toits aigus de pierres grises, accolés sans aucun souci de la symétrie. Aux angles opposés, deux tours rondes percées de meurtrières pour arquebuses, commandent les approches. La porte ogivale, percée dans une tour carrée