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de l’adresse, solide et droite, Valérie devina qu’elle était de l’abbé Sagnol. Il lui semblait qu’il y avait quelque relation entre, la carrure du vicaire et la massiveté de ces caractères réguliers et bien formés.

En effet, la lettre était de l’abbé. L’échec de ses projets l’avait fort touché, en sorte que, depuis sa course inutile à Guersac, il cherchait le moyen de le réparer. Ce qu’il avait le plus à cœur maintenant, c’était la fondation de cette confrérie des « Servantes de Jésus-Christ » qui devait servir de marchepied à sa fortune ecclésiastique, peut-être même se disait-il, à sa fortune mondaine ; en tout cas, lui donner une existence autrement large et agréable que celle d’un vicaire de petite ville ou d’un desservant de campagne. La conversion de Mlle  de La Ralphie, sur laquelle il avait compté aussi pour se mettre en évidence, était, depuis qu’il la connaissait mieux, passée au second plan et considérée seulement comme un moyen de réalisation de l’œuvre pieuse. Il avait compris que cette conversion était très problématique, ou plutôt impossible ; aussi en était-il venu par degrés à se dire que l’essentiel était d’être aidé, dans la fondation qu’il méditait, par la châtelaine de Guersac, et que, s’il n’était pas possible de la disposer à cela par un retour à Dieu, il fallait se servir d’autres voies. À cet égard, une seule se présentait à son esprit : profiter des bonnes dispositions que Mlle  de La Ralphie avait pour lui personnellement. Il s’était bien fait quelques objections sur la moralité de ce moyen, derniers efforts de sa conscience sacerdotale expirante, mais son âpre ambition, jointe à l’attrait du sexe et au pressentiment de la volupté, l’avaient vaincu et il écrivait.

Sa lettre débutait par des protestations de pieuse sympathie en N.-S. Jésus-Christ, auquel il adressait