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servant de classe et se glissa dans un coin où il s’assit sur ses talons. C’était bien un peu osé à lui, de s’introduire parmi cette jeunesse noble ou de bonne bourgeoisie ; mais il avait montré tant de désir d’apprendre, que, depuis quelque temps, la sœur avait fini par le laisser assister aux leçons. Lui, reconnaissait cela et payait son écolage par de menus services. Pendant les récréations, il puisait un seau d’eau, fendait du bois ou allait chercher de l’herbe pour la chèvre. Aux enfants, il apportait des oiseaux, des pommes vertes à la saison ; il leur faisait, avec une noix, de ces petits moulins qu’en Périgord on appelle des virebriquets et d’autres jouets rustiques, comme des péterabes ou des clifoires, et, cette jeunesse, quoique déjà imbue des préjugés paternels, le tolérait pourtant. Une chose le désolait, le brave enfant, la lenteur des études. Tandis que les petits messieurs et demoiselles, paresseux et dissipés pour la plupart, n’apprenaient guère, lui, avec son intelligence vive et son ardeur de savoir, apprenait en une leçon ce que les autres ne savaient pas en quatre. La sœur, quoique un peu sèche d’esprit et médiocrement tendre, était pourtant touchée de voir cet adolescent, beau dans sa rusticité, animé d’un tel amour de l’étude, et lui prêtait de vieux livres classiques de rebut qu’il étudiait à la veillée.

Sur les quatre heures du soir, Damase amena la bourrique le long d’une pierre montoire où se tenait debout la jeune demoiselle qui s’assit sur sa bête pour revenir à Guersac.

Chemin faisant elle demandait au jeune garçon pourquoi il voulait tant apprendre à lire, à écrire et le reste. Lui, répondait qu’il ignorait le pourquoi, mais qu’il avait une grande envie de savoir toutes ces choses et qu’il serait bien content de pouvoir étu-