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préférences étaient pour les plus faciles avec lesquelles on pouvait faire l’amour à la hussarde. La châtelaine de Guersac était assez décriée dans la petite ville ; pour un amant qu’elle avait eu on lui en donnait quatre. Au Cercle, ces messieurs parlaient d’elle assez librement, notamment Anatole, et, dans la conversation courante, on citait sans difficulté ses amants. Le commandeur de Lussac passait généralement pour avoir eu ses prémices ; puis venait Damase ; ensuite, un étranger, descendu à l’hôtel du Cog d’Or, qui s’était fait conduire à Guersac et qu’on n’avait plus revu, circonstance mystérieuse qui avait vivement intrigué les Fontagnacois. Enfin, après ce quidam, voyageur pour les vins de Bordeaux, qui « faisait » les châteaux, venait l’abbé Sagnol dont les visites à la maison de la rue de la Barbecane et à Guersac avaient été remarquées.

À force d’ouïr les aventures réelles et supposées de Valérie, le receveur avait logé dans sa cervelle le projet d’être son cinquième amant. Tout ce que l’on disait de sa facilité prétendue le confirmait dans cette idée que la chose irait toute seule ; aussi se présenta-t-il avec une certaine désinvolture à Mlle de La Ralphie, comme son défenseur dans l’affaire du permis. L’air et les manières de l’homme ne plaisaient guère à celle-ci ; toutefois, par une espèce de gratitude, elle écouta un instant ses gasconnades, et même consentit à l’accompagner dans un bois voisin, où selon ses dires, il y avait un passage de bécasses.

Ils marchaient côte à côte, comme deux camarades de chasse, lorsque, dans une petite clairière herbeuse, le receveur se retourna vers Valérie, et, avec un rire cynique, lui dit brusquement :