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mou. À cette époque déjà lointaine, ce costume fit scandale à Fontagnac et fut violemment critiqué par les femmes : « On dirait une cantinière ! » remarquait Mme Laugerie.

Valérie ne s’inquiétait pas de ces bavardages ; tout le jour, elle courait le pays environnant, brûlait pas mal de poudre, et, dans les premiers jours, revenait invariablement bredouille. Puis, peu à peu, aidée des conseils de Mentillou, qui était un vieux braconnier, elle fit son éducation cynégétique et rapporta quelques cailles et des perdreaux. Un jour, s’étant fait passer en bateau dans la plaine en face de Guersac, elle tua, fort proprement au départ, un lièvre qu’un de ses métayers lui avait indiqué gîté dans un « retouble ». Ces succès lui firent prendre goût à la chasse qui n’avait d’abord été pour elle qu’une diversion. En rentrant le soir, harassée, elle se chauffait au feu de la cuisine, comme son défunt père, soupait de bon appétit et allait se coucher. Grâce à cette vie active et fatigante, ses sens, auparavant surexcités, la laissaient dans un repos relatif. Ainsi se vérifiait, dans une occasion vulgaire, le profond symbolisme du génie hellénique qui faisait de Diane chasseresse la déesse de la chasteté.

Un après-midi, Mlle de La Ralphie, chassant à quelque distance de chez elle, rencontra, dans une combe environnée de taillis, le receveur de la Régie qui avait soutenu son bon droit contre Anatole Decoureau. La rencontre, toute fortuite quant à elle, était préméditée du côté du receveur.

C’était un grand garçon de belle humeur, qui prenait le temps comme il venait, les femmes comme elles sont et ne s’empêtrait pas dans le sentiment. Il était un peu cynique même, et grand coureur de femmes. À Fontagnac, tout lui était bon, mais ses