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tion, avaient sommeillé : maintenant qu’il avait l’esprit libre, éveillés par le ressouvenir de ce qu’il avait vu, ils se révoltaient ; en sorte qu’il le constatait avec terreur, l’occasion se représentant, il n’en resterait pas au péché d’intention.

Le pauvre abbé s’abîma dans la prière pour chasser ces pensées coupables et n’y parvint qu’à demi. Quelques jours après, la possibilité de revoir Mlle  de La Ralphie lui apparut, d’abord, comme une chose purement hypothétique et fortuite. Puis, un vague espoir de la retrouver lui vint, qui se transforma, par degrés, en un timide désir. Il résista vaillamment à ces instigations diaboliques, pria, jeûna, invoqua Marie, fit des neuvaines, joignit à son scapulaire le cordon de saint François d’Assise, préservateur de l’impureté, rien n’y fit. Pour cela, le vicaire ne se découragea pas ; il continua de lutter, résista fermement pendant quelque temps, se disant : « Je n’irai pas à Guersac », et, pour s’être tenu parole, crut avoir vaincu. Mais l’antique ennemi a plus d’un tour dans son sac : ne pouvant vaincre l’abbé de front et de vive force, il eut recours à la ruse et aux moyens obliques. Le vicaire en vint tout doucement à se forger des prétextes de revoir celle qui l’avait si profondément troublé. Pouvait-il abandonner le sauvetage de cette âme ? Faillirait-il ainsi à sa mission ? L’œuvre de charité, si avantageuse pour l’Église, qu’il avait conçue, avorterait-elle ? Non ! cela était inadmissible. Un vaillant soldat du Christ ne pouvait reculer devant Satan ! Il avait été jusqu’au bord de l’abîme par ignorance du danger ; mais, maintenant, il le connaissait, et se sentait fort et capable de l’affronter pour arracher une âme à l’enfer. N’était-il donc pas possible d’être pour Mlle  de La Ralphie un guide pieux, un